PSYCHIATRIE, La CGT écrit au Ministre de la santé :

Madame La ministre,

Depuis les années 60, la psychiatrie française visionnaire est au cœur du territoire, au plus près des patients grâce notamment à l’organisation en secteur, centrée sur le CMP (Centre médicopsychologique) et sur le soin ambulatoire. En effet, 82% des patients sont actuellement, exclusivement pris en charge en dehors de l’hôpital. Cette organisation permet de considérer la dimension sociale des troubles psychiatriques en s’appuyant sur l’environnement du patient et sur un réseau multidisciplinaire, afin d’apporter des solutions au plus près de lieux de vie, et de privilégier le maintien au domicile.

Depuis plusieurs années, des politiques d’austérité organisent la destruction du secteur de psychiatrie ce qui se traduit entre autres par des fermetures de structures ambulatoires et une diminution drastique des visites à domicile, autant d’outils essentiels au suivi des patients et à leur maintien à domicile. Difficile de pas y voir une volonté de destruction de notre service public de psychiatrie, offrant ainsi un champ prometteur et rémunérateur au libéral et au privé.

Le secteur libéral et privé n’est pas en mesure d’apporter des solutions dans la durée aux problématiques psychiatriques. On constate d’ores et déjà les conséquences dramatiques en termes de ruptures de soins, de dégradation de l’état de santé des patients et donc aussi en terme économique….

Non le médico-social n’a pas vocation à se substituer au sanitaire. Cette obstination n’est fondée que sur des considérations économiques et politiques.

La commission nationale psychiatrie CGT réaffirme la nécessité de s’appuyer sur une équipe pluridisciplinaire en capacité d’apporter un cadre soignant, contenant et rassurant. Ce qui impose des moyens humains suffisants mais aussi des formations spécifiques.

L’évolution des formations est en lien avec l’évolution de la politique de santé et se concentre désormais uniquement sur le traitement, le symptôme, les neurosciences. Les fonctions se cloisonnent en niant la place de l’analyse clinique, de la relation soignante et en renvoyant une réponse morcelée aux patients.

Nous exigeons des formations spécifiques pour tous les professionnels de la psychiatrie. Le soin en psychiatrie impose une vision croisée et multiple. Un seul regard, aussi expert soit-il, ne remplacera jamais la réflexion et l’analyse collectives qui sont la richesse d’une équipe.

Positionner un soignant expert au sein d’une équipe c’est limiter les échanges, raccourcir dangereusement le processus décisionnel. Aucun professionnel seul ne peut supporter les effets psychiques de la rencontre avec un patient atteint de troubles psychiatriques.

Des politiques successives ont tenté d’enfermer la psychiatrie dans sa seule dimension sécuritaire en favorisant l’amalgame entre maladie mentale, délinquance, la violence. Dans ce contexte les rapports avec la société se fige atour des notions de peur, de défense et de rejet. De fait, la majorité des projets récents ont consisté à ouvrir des structures fermées voir pénitentiaires. Il est impératif que la psychiatrie reste ouverte sur la société, et de rappeler sans cesse que les hommes et les femmes atteints de troubles psychiques sont statiquement moins « dangereux » que la population générale et sont plus souvent victime qu’auteur de violences.

Par ailleurs, nous tenons à relever le paradoxe entre l’augmentation de 50% de l’activité globale en 25 ans, de 12% sur trois ans de l’hospitalisation sans consentement, de 70% en 10 ans de l’activité des CMP et la baisse de 60% de lits sur 40 ans, associé a de très nombreuses fermetures/restructurations de CMP et suppressions de postes.

Les orientations actuelles en matière de politique de santé tendent à uniformiser les pratiques, standardiser, selon des modalités quasi industrielles. Cette rigidification et cette protocolisation à outrance ne répond nullement à la diversité des problématiques auxquelles nous sommes confrontés. Il est urgent de laisser aux soignants l’initiative, la créativité nécessaire pour s’adapter aux situations et aux évolutions. Enfermer les soignants dans une vision unique « neuroscientifique », faire de la réhabilitation psychosociale la seule solution post crise, ne concevoir l’hospitalisation temps plein que comme une conséquence négative du soin est extrêmement réducteur.

La commission nationale de psychiatrie tient à réaffirmer son attachement à la recherche de l’adhésion aux soins, en s’appuyant sur une relation empathique, rassurante et contenante. Les soins sans consentement devant être réservés à des situations extrêmement exceptionnelles et ponctuelles. Nous refusons d’être contraints à des soins sans consentement par manque de moyens.

Il y a des signes qui ne trompe pas comment interpréter l’absence de référence à la psychiatrie dans le projet de loi santé ? La psychiatrie n’est pas une discipline médicale comme une autre car elle se compose d’éléments médicaux, sociologique, psychologique, anthropologiques, culturels, …… cette particularité doit être reconnue par une loi spécifique.

Pour la CGT, il est impératif de sanctuariser et de renforcer significativement le budget alloué à la psychiatrie. En redonnant rapidement des moyens humains et immobiliers nous permettant de répondre humainement aux besoins de nos concitoyens.

 

CGT Santé action sociale

La commission nationale psychiatrie

 

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