Texte émanant de la Commission Nationale psychiatrie CGT
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Depuis les premières lois de réforme hospitalière, la psychiatrie a perdu des milliers de lits et d’emplois, sa formation spécifique tant en formation initiale qu’en formation continue.
La loi santé va lui faire perdre définitivement la politique progressiste de secteur.
L’état des lieux de la psychiatrie montre une dégradation incessante au niveau de la qualité des soins, de la prise en charge ainsi que des conditions de travail. Les Dotations Annuelles de Financement (DAF) sont gelées, voir en baisse. La psychiatrie est particulièrement ciblée par des mesures d’austérité qui impose un fonctionnement identique à celui de l’entreprise. La cotation des actes et des prises en charge est synonyme d’uniformisation arbitraire et de mise en compétition à tous les niveaux, des lieux de soins dans un contexte de budget contraint. Nous voyons d’ailleurs de plus en plus le privé lucratif répondre aux appels à projets des ARS et s’engouffrer dans les vides laissés vacant par le public.
La CGT est clairement contre la loi santé, demande son abrogation.
La psychiatrie sera noyée dans les futurs Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT) dans lequel les services de psychiatrie n’auront que peu de poids face aux réalités sonnantes et trébuchantes de la Médecine Chirurgie Obstétrique (MCO) et deviendra le parent pauvre des GHT.
Ces futurs GHT, qui devraient voir le jour avant le 1er juillet 2016, seront le fait du prince « ARS » sans concertation ni dialogue avec les hôpitaux concernés (retour au système féodal) éloignant les patients et les familles de la politique de secteur qui a fait la richesse du soin psychiatrique de proximité à partir des années 1960.
Ce système d’exclusion, est en contradiction avec les valeurs humanistes qui fondaient jusque là la psychiatrie française. L’accentuation de la rupture sociale avec les plus fragiles, que sont souvent les malades chroniques de la psychiatrie, est réel.
Le caractère autoritaire de cette organisation en entreprise de « soins » fera du rendement la valeur principale, mise en œuvre par des pressions managériales. Cela se traduira par une augmentation de la charge de travail, une mobilité imposée pour mieux répondre aux objectifs, avec obligations de résultats basées sur des critères uniquement financiers, et une classification des pathologies mentales en fonction de leur rentabilité. Ce contexte crée de la souffrance au travail (perte de sens) et des situations d’une extrême violence tant du côté des soignants que des soignés.
Les GHT ne vont qu’accentuer la casse de la psychiatrie dans sa dimension d’acteur de la cohésion sociale.
La CGT a toujours été porteuse de changement, quand celui-ci amène une évolution positive du droit d’accès à une santé de qualité et égalitaire pour tous.
La Commission Nationale Psychiatrique le 21/22 Janvier 2016.